Silgedicht // L’art du langage

Des définitions littéraires se découvrent

Métaphore

(n. f., du grec metaphorein, « transporter »). Figure d’analogie ou de similarité qui, selon Fontanier, consiste « à présenter une idée sous le signe d’une autre idée plus frappante ou plus connue, qui, d’ailleurs, ne tient à la première par aucun autre lien que celui d’une certaine conformité ou analogie ». La métaphore peut avoir un support substantival, adjectival, advervial ou « parler chaleureusement », « réchauffer par des mots ») et occasionnellement prépositionnel.

Quand le comparé et le comparant sont tous deux présents dans la phrase, on parle de métaphore in prasentia. Seules les métaphores substantivales peuvent faire l’objet d’une utilisation in praesentia. Le lien entre les deux peut se présenter syntaxiquement de différentes manières :

– avec un est d’équivalence (Verlaine) :

Votre âme est un paysage choisi

– par une apposition, avec ou sans démonstratif (Baudelaire)

Milles pensers dormaient, chrysalides funèbres

– un rapport de substantif/verbe (Laforgue) :

Un tic-tac froid rit en nos poches

– un rapport de détermination (Laforgue) :

le lait caillé des bons usages

Quand ne figure que le comparant, on parle de métaphore in absentia. C’est ce que l’on trouve au début du « Cimetière marin » de Valéry, le comparé n’étant éclairé que par la suite du poème :

Ce toit tranquille où marchent les colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes.

La métaphore exige d’être reconnue (dans « le vieux chêne est mort », parle-t-on de mon grand-père ou d’un arbre du jardin ?), pour être ensuite construite (on isole un sème qui prend, du coup, une valeur hyperbolique : « Paul est un oiseau » n’a pas le même sens si Paul est à table ou sur une piste de danse).

Quand la logique de la métaphore se poursuit sur plusieurs syntagmes, on parle de métaphores filée, comme dans ces quelques vers de Corneille (Le Cid, II, 8) :

Je vous l’ai déjà dit, je l’ai trouvé sans vie ;
Son flanc était ouvert ; et pour mieux m’émouvoir,
Son sang sur la poussière écrivait mon devoir ;
Ou plutôt sa valeur en cet état réduite.
Me parlait par sa plaie, et hâtait ma poursuite ;
Et pour se faire entendre au plus juste des rois,
Par cette triste bouche elle empruntait ma voix.

L’usage très fréquent de la métaphore fait qu’elle peut facilement se figer (métaphore usée) ou se lexicaliser (catachrèse). Il peut aussi y avoir défigement d’une métaphore usée : par exemple si on dit : « A un moment d’intense fatigue, le fauteuil m’a tendu les bras.»


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