Parnasse
Courant poétique de la seconde moitié du XIXe siècle. A l’origine du Parnasse se situe une opération de librairie lancée par le poète Catulle Mendès et l’éditeur Alphonse Lemerre en vue de publier, sous forme de fascicules réunis ensuite en volumes, un choix des meilleurs poèmes du moment, sous le titre Le Parnasse contemporain, Recueil de vers nouveaux. Le premier volume parut en 1866. En tête figuraient des poèmes de Théophile Gautier, Théodore de Banville, Jos"é-Maria de Heredia, Leconte de Lisle. On y trouvait plus loin seize poèmes de Baudelaire, sept de Verlaine et onze de Mallarmé.
« J’aime […] tous les bons Parnassiens », écrivait Rimbaud à Banville en mai 1870, avec l’espoir d’être publié lui-même « à la dernière série du Parnasse ».
Le deuxième volume (1871), retardé par la guerre franco-prussienne, s’ouvrait sur le Kaïn de Leconte de Lisle, suivi de La Cithare et de Dix Ballades joyeuses de Théodore de Banville. A côté de poèmes de Sully Prudhomme, Victor de Laprade, Albert Glatigny, Albert Mérat, François Coppée, etc., figuraient encore cinq poèmes de Verlaine et le Fragment d’une étude scénique ancienne d’un Poëme de Hérodiade de Mallarmé. Le troisième et dernier volume (1876) rassemblait dans ses 451 pages un grand nombre de poèmes de qualité très inégale. En revanche, les envois de Verlaine, de Mallarmé (L’Après-midi d’un faune), de Charles Cros furent refusés à l’instigation d’Anatole France.
Le Parnasse ne fut donc pas une école groupée autour d’un chef et pourvue d’une doctrine. Il serait abusif d’y voir un mouvement intermédiaire entre le romantisme et le symbolisme, qui ne se situent pas sur le même plan, et dont l’ampleur est bien plus considérable. Cependant, l’adjectif parnassien fut rapidement employé pour qualifier un type de poésie caractérisé par la fidélité aux formes poétiques traditionnelles (retour du rondeau, du dizain, de la ballade et surtout du sonnet), le souci de la perfection formelle, le culte de l’art pour l’art, positions communes à Gautier, Banville, Leconte de Lisle et leurs disciples. Ainsi se perpétua dans le dernier quat du siècle un courant parnassien, illustré notamment par la publication tardive (1893) du recueil de José-Marie de Heredia, Les Trophées.
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