Merveilleux
A la différence du fantastique, qui suppose que le personnage et le lecteur, face à un évènement étrange, hésitent entre une explication naturelle et une explication surnaturelle, le merveilleux repose sur l’acceptation immédiatement donné d’un surnaturel qui ne suscite aucune surprise. Historiquement, le merveilleux traverse la littérature selon des modalités diverses. Le Moyen Age distingue trois types de merveilleux : le miraculosus (merveilleux chrétien : interventions divines, apparitions d’anges, etc.), qui est toujours bénéfique ; le magicus, d’origine diabolique, que peuvent maîtriser les enchanteurs ; le mirabilis (qui suscite l’étonnement), qui désigne à la fois le merveilleux et la merveille (qui ne suppose pas nécessairement le surnaturel).
A côté du merveilleux chrétien qui se rencontre dans tous les types de textes narratifs, le merveilleux celtique envahit dès le XIIe siècle la production romanesque et les lais narratifs.
La Renaissance n’ignore pas le merveilleux, mais on le trouve surtout au XVIIe siècle, où se fait jour un conflit entre ceux qui acceptent qu’on cherche le merveilleux dans la mythologie païenne (Boileau) et ceux qui, à l’inverse, l’écartent au bénéfice du merveilleux chrétien. Mais c’est naturellement le conte de fées, très présent à la fin du siècle, qui représente le plus pur merveilleux. Bien des degrés restent de toute manière possibles dans l’ordre du surnaturel, et la littérature ultérieure, par exemple,fera droit (songeons à Jules Verne) à une sorte de merveilleux scientifiques qui tient moins à l’irrationnel qu’à des lois non encore découvertes, et c’est ce qu’on nomme aujourd’hui science-fiction.
Quant au véritable merveilleux, s’il disparaît très largement d’une littérature, qui n’est pas destinée aux enfants, le surréalisme lui a redonné, ses lettres de noblesse, mais c’est alors surtout sa valeur d’expérience qui importe, comme le montre Nadja (1928) chez Breton.
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