Fantaisie
Etymologiquement lié à phantasme, fantôme et fantastique, fantaisie était autrefois synonyme d’imagination. En musique, la fantaisie désigne une pièce de forme libre, qu’on peut rapprocher du caprice en gravure (Callot, Goya).
En Allemagne, Hoffmann s’y réfère dans le titre de ses Pièces fantaisistes à la manière de Callot (1813).
L’époque romantique avait donc bien des raisons de conférer à ce mot une valeur positive. Il peut servir de titre ou de sous-titre à un poème réguler ( Nerval, « Fantaisie », 1832 ; Rimbaud, « Ma bohème (Fantaisie)», 1870), mais il s’applique particulièrement à ce genre sans règle définie qu’est le poème en prose (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot, 1842 ; vingt ans plus tard, Baudelaire désignera ses Petits poèmes en prose comme une « tortueuse fantaisie »).
La génération poétique de 1860, revenue des grands idéaux romantiques, fit de la fantaisie sa muse, privilégiant l’arabesque, l’excentricité de l’écriture, l’acrobatie technique (Théodore de Banville, Odes funambulesques, 1857), l’ironie, la blague, la parodie et toutes les formes ludiques de rupture avec les canons esthétiques.
En 1861, La Revue fantaisiste rassemble des écrivains et poètes tels que Baudelaire, Banville, Catulle Mendès, Champ-fleury, Glatigny, etc. Il n’y eut cependant pas, au XIXe siècle, d’« Ecole fantaisiste » à proprement parler.
Beaucoup de ces poètes se retrouveront à la fin de la décennie parmi les « parnassiens ».
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