Silgedicht // L’art du langage

Des définitions littéraires se découvrent

Ecriture artiste

Expression inventée dans la seconde moitié du XIXe siècle par les Goncourt pour désigner un type d’écriture particulièrement travaillée, proche de ce qu’on appelait également à l’époque la « prose d’art  ».
L’écriture artiste des Goncourt, telle qu’ils la mettent en œuvre surtout dans les passages descriptifs de leurs romans ou de leur Journal, est caractérisée par un lexique recherché – associant mots rares, tournures familières, vocabulaires techniques de la peinture et des arts, néologismes abstraits –, par une syntaxe privilégiant l’énumération, la parataxe, l’emploi du pluriel, les adjectifs substantivés, ainsi que par la multiplication des jeux sonores, assonances ou allitérations.

Cette écriture se veut au service du rendu de la sensation, « moulée sur l’impression même » (préface d’Henriette Maréchal, 1866), fidèle particulièrement à la vérité de l’impression visuelle et lumineuse.
Elle est donc à rapprocher de ce que réalisaient au même moment les peintres impressionnistes.

Avec des préoccupations analogues, Zola et parfois Maupassant recourent à  des procédés apparentés à l’écriture artiste, mais en se gardant du maniérisme auquel sacrifiaient les Goncourt.

« Il n’est pas besoin du vocabulaire bizarre, compliqué et chinois qu’on nous impose aujourd’hui sous le nom d’écriture artiste, pour fixer les nuances de la pensée […] » (Maupassant, « Le Roman », Pierre et Jean, 1887). Huysmans au contraire pousse l’originalité et l’artifice de l’expression plus loin encore, de manière plus systématique et plus structurée que les Goncourt, passant ainsi de l’écriture artiste à une écriture en rapport avec la sensibilité « décadente »


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2 Comments

  1. C’est exactement ce que je recherchais ! Merci beaucoup ! Juste une petite question : L’ecriture artiste est-elle ironique, et dans le cas des freres Goncours, est-elle utilisée pour denoncer et rabaisser les “basses classes” de la société ?

  2. Bonjour, par rapport à vos questions je ne pense pas que cette écriture soit ironique “Cette écriture se veut au service du rendu de la sensation, « moulée sur l’impression même » (préface d’Henriette Maréchal, 1866), fidèle particulièrement à la vérité de l’impression visuelle et lumineuse.
    Elle est donc à rapprocher de ce que réalisaient au même moment les peintres impressionnistes.”

    De même il ne me semble pas qu’elle soit utilisé dans un but de dénonciation de classe “vocabulaires techniques de la peinture et des arts, néologismes abstraits –, par une syntaxe privilégiant l’énumération, la parataxe, l’emploi du pluriel, les adjectifs substantivés, ainsi que par la multiplication des jeux sonores, assonances ou allitérations.” N’ayant pas lu de livres des frères Goncourt, je ne fais que supposer.