Cliché
Au Moyen Age, le cliché est le fondement même de l’esthétique et de la composition poétique,en particulier la poésie lyrique et dans la chanson de geste : pour la première, il est le bien commun des poètes, sur lequel chacun exerce son habilité formelle, le principe la poésie médiévale étant moins l’invention que la variation formelle ; pour la seconde, le cliché est le schéma virtuel qu’actualisent les multiples variantes stéréotypées des motifs et des formules.
Le terme n’a donc aucune valeur péjorative. Il désigne par la suite une image stéréotypée, appelée aussi poncif ou lieu commun. Le cliché est fait de termes qui ne sont pas liés par un figement mais par un appariement automatique dû à son extrême fréquence : « la verte prairie », « clair comme l’eau de roche », etc.
Le cliché, par son caractère banal, attire la parodie et l’ironie. Ainsi, Laforgue, au début de la « Complainte à Notre-Dame des Soirs », se moque du cliché de la nature idéalisée :
L’Extase du soleil, peuh ! La Nature, fade
Usine de sève aux lymphatique parfums.
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